La balalaïka est un instrument traditionnel russe à cordes pincées.
Elle est née dans les villages russes et a grandi dans les palais des Tsars, instrument du pauvre et du prince, elle est le reflet de l’âme russe, dans toute sa fougue et sa mélancolie.
On en trouve les premières traces sous ce terme dans un document daté de 1688. Le mot vient du verbe balakat, qui signifie « bavarder, plaisanter ».
Dans son aspect initial la balalaïka avait l’air d’un outil extrêmement primitif : petit instrument creusé dans le bois (ou confectionné avec des planchettes), le corps triangulaire, ovale ou de forme semi-sphérique, avec un manche long; deux ou trois cordes en boyau qui s’accordaient à la quarte ou à la quinte. Au lieu des barrettes on apposait sur le manche quelques anneaux de veines sèchées. La mélodie était reproduite sur la première corde pendant que la deuxième et la troisième sonnaient sans changement de hauteur de son, tel un bourdon. Le son était tiré par les frappes de l’index de la main droite sur toutes les cordes. Ce moyen d’extraire le son définit sa spécificité, lui donne ses lignes d’originalité et sa couleur nationale.
Le fondateur de la balalaïka russe classique est indéniablement le Saint-Pétersbourgeois Vassili Vassilievitch Andreïev. En 1883, se trouvant au village de Marino, il entendit le jeu du paysan Antip sur une ancienne balalaïka, extrêmement primitive, mais qui avait une sonorité si colorée, si nette et vive qu’elle provoquait le désir de se mettre à danser.
Passionné par la balalaïka d’Antip Andreïev et convaincu des possibilités cachées dans la nature de cet instrument, Andreïev confectionna des plans et fit évoluer l’instrument en collaboration avec un célèbre luthier. Ainsi, en 1886, le maître Poserbski fabriqua la première balalaïka à 12 cases avec un mode chromatique. Le premier concert public donné par Andreïev comme soliste sur cet instrument a eu lieu à la fin de cette même année.
En 1888 il créa « Velikorouski », orchestre de balalaïkas, dont les concerts eurent un succès étourdissant dans toute la Russie, et après l’intervention à l’exposition Universelle à Paris en 1889 l’orchestre d’Andreïev acquit une célébrité européenne. Son répertoire mêlait des arrangements de mélodies russes à des transpositions d’œuvres classiques et des compositions originales pour cet orchestre. Depuis, l’intérêt pour la balalaïka s’est manifesté dans les œuvres de nombreux compositeurs russes : N. Fomin (élève de Rimski-Korsakov), P. Tchaïkovski, A. Rubinstein, A. Glazounov, M. Ippolitov-Ivanov, S. Vassilenko… Des virtuoses de la balalaïka tels que B. Troyanovski, N. Osipov, M. Rozhkov, P. Netcheporenko ont donné à ce modeste instrument russe une gloire mondiale.
(Extrait de « La musique instrumentale populaire russe » de V. Poponov, traduction de S. Brukhovetsky)
Crédit photo : Maria Birioukova